Le maire d’Istanbul boycotte une audience judiciaire susceptible de lui interdire de se présenter aux élections

Le maire emprisonné d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, ainsi que son équipe juridique, ont boycotté une audience judiciaire ce jeudi, dénonçant un changement de lieu de dernière minute qu’ils qualifient d’« illégal ».


L’information a été rapportée par l’agence Associated Press, relayée par GNN.

L’affaire examinée concerne des déclarations faites par İmamoğlu au sujet des poursuites engagées contre d’autres responsables de son parti, le Parti républicain du peuple (CHP), et s’inscrit dans une série d’accusations pénales portées contre lui.

Arrêté en mars dans le cadre d’une vaste enquête pour corruption et liens présumés avec des organisations terroristes, Ekrem İmamoğlu est devenu le symbole de la contestation. Son arrestation a déclenché les plus grandes manifestations de rue qu’ait connues la Turquie depuis plus d’une décennie.

Toute condamnation dans l’un des nombreux dossiers pourrait entraîner son inéligibilité à exercer des fonctions publiques ou à se porter candidat à de futures élections. İmamoğlu est considéré comme le principal rival du président Recep Tayyip Erdoğan, au pouvoir depuis 22 ans. Les prochaines élections nationales sont prévues pour 2028, bien qu’un scrutin anticipé demeure envisageable.

Dans un communiqué, le CHP a annoncé que ni İmamoğlu ni ses avocats ne participeraient à l’audience de jeudi, dénonçant des procédures irrégulières et notamment le transfert soudain du lieu de l’audience.

Depuis sa cellule, İmamoğlu a publié une note dans laquelle il qualifie l’audience d’« illégale » et « contraire aux principes d’un procès équitable ».
« Je refuse de participer à un tel processus et, par conséquent, je ne serai pas présent à cette audience », a-t-il déclaré.

Le président de la branche provinciale du CHP à Istanbul, Özgür Çelik, a précisé sur le réseau X que l’audience, initialement prévue au tribunal de Çağlayan, dans le centre d’Istanbul, avait été déplacée dans la prison de Silivri à seulement 24 heures de son ouverture. İmamoğlu y est actuellement incarcéré, à l’ouest de la métropole.

Le parquet réclame une peine d’emprisonnement de deux à quatre ans ainsi qu’une interdiction d’activité politique, l’accusant d’avoir tenté d’« influencer » un expert témoin dans une procédure en cours. La prochaine audience a été reportée au 26 septembre.

Dans un geste interprété comme un nouveau durcissement du régime à l’encontre de l’opposition, les autorités turques ont récemment interdit la diffusion d’images montrant le maire d’Istanbul en détention.