Marine Le Pen condamnée à quatre ans de prison

La cheffe du groupe parlementaire du parti d’extrême droite français « Rassemblement National » (RN), Marine Le Pen, huit députés européens de ce parti ainsi que douze assistants parlementaires ont été reconnus coupables dans l’affaire de détournement de fonds de cette institution législative.

Comme le rapporte GNN, cette décision a été rendue par le tribunal correctionnel de Paris le lundi 31 mars. Le Pen a été condamnée à quatre ans de prison, dont deux ans avec sursis. Pendant les deux années restantes, elle sera contrainte de porter un bracelet électronique.

En outre, il lui a été interdit de se présenter aux élections pour une durée de cinq ans. Cette dernière sanction doit entrer en vigueur immédiatement après l’énoncé du jugement, même si Le Pen interjette appel. Ainsi, la dirigeante politique ne pourra pas être candidate à l’élection présidentielle de 2027.

Le procès concernant la direction du « Rassemblement National », dirigé par Marine Le Pen, a débuté devant le tribunal correctionnel de Paris à la fin du mois de septembre 2024.

Au total, 27 personnes étaient impliquées dans cette affaire. Outre Marine Le Pen, sa sœur Yann et son ancien compagnon Louis Aliot figuraient parmi les accusés. Jean-Marie Le Pen, père de Marine Le Pen, âgé de 96 ans, était également sur la liste des inculpés, mais il avait été dispensé d’assister aux audiences en raison de son état de santé. Il est décédé en janvier 2025.

Les accusés sont poursuivis pour détournement de fonds de l’Union européenne et financement occulte du parti par le biais de l’embauche fictive d’assistants parlementaires des eurodéputés. La peine maximale prévue pour ces infractions est de dix ans d’emprisonnement. Le préjudice total est estimé à près de 7 millions d’euros.

Selon l’accusation, les personnes recrutées en tant qu’assistants des députés européens du « Rassemblement National » ne travaillaient pas réellement pour leurs représentants au Parlement européen, mais directement pour Marine Le Pen ou pour son parti.

Ainsi, l’un des « assistants », Thierry Légier, a été pendant près de deux décennies le garde du corps du fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, avant de devenir celui de Marine Le Pen. Il a également publié un livre sur son travail, dans lequel il ne fait aucune mention d’un poste au Parlement européen.

La secrétaire de Le Pen, Catherine Griset, qui a été un temps sa belle-sœur, était également enregistrée comme assistante parlementaire d’un eurodéputé. Cependant, selon les données de sa carte d’accès, elle n’a passé qu’environ une journée et demie au Parlement européen sur une année entière. Catherine Griset a affirmé qu’elle entrait toujours dans le bâtiment en suivant Marine Le Pen et n’utilisait pas sa carte d’accès.

D’après le parquet français, Marine Le Pen aurait élargi le « système » mis en place par son père afin d’utiliser les salaires versés aux assistants parlementaires fictifs pour améliorer la situation financière critique de son parti.

Marine Le Pen a nié les accusations et a fait valoir que les assistants n’étaient pas affectés à des députés spécifiques, mais qu’ils faisaient partie d’un pool commun. Dès le début du procès, Le Pen a accusé le parquet d’avoir engagé des poursuites à des fins politiques, visant à l’empêcher d’accéder à la présidence de la France.

La Cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision sur une affaire similaire

En 2015, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur des soupçons d’embauche irrégulière d’environ vingt collaborateurs par les représentants du « Front National » au Parlement européen. Le parquet examinait des allégations selon lesquelles ces employés recevaient un salaire du Parlement européen alors qu’ils continuaient en réalité à travailler pour le FN. En 2018, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision dans une affaire similaire impliquant Jean-Marie Le Pen et son allié Bruno Gollnisch. À l’époque, la Cour avait ordonné aux politiciens de rembourser des centaines de milliers d’euros au Parlement européen.