Le chancelier fédéral allemand Olaf Scholz refuse de donner son accord pour un nouveau grand paquet d’aide militaire à l’Ukraine, proposé par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense.
C’est ce que rapporte Spiegel, relayé par GNN.
Selon le journal, au sein du gouvernement allemand – où des élections anticipées doivent bientôt avoir lieu – un débat sur l’octroi d’une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine dure depuis des semaines.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock des Verts et le ministre de la Défense Boris Pistorius, qui appartient au même parti que Scholz, le SPD, auraient proposé de débloquer environ 3 milliards d’euros supplémentaires afin d’autoriser la livraison des armes les plus nécessaires à l’Ukraine avant les élections anticipées prévues le 23 février.
Le contenu de ce paquet a été préparé en fonction des demandes de la partie ukrainienne. Il comprend notamment trois batteries supplémentaires d’IRIS-T, des missiles intercepteurs pour leur fonctionnement, des intercepteurs supplémentaires pour les systèmes Patriot, dix obusiers automoteurs et des munitions d’artillerie.
Selon Pistorius et Baerbock, cela enverrait un signal important à l’Ukraine, montrant que l’aide allemande ne diminuera pas.
Leur intention était que le gouvernement demande au comité budgétaire du Bundestag d’approuver des dépenses exceptionnelles (ce mécanisme ayant déjà été utilisé par le passé), avec l’argument que les besoins urgents de l’Ukraine ne pouvaient pas être prévus lors des étapes de planification antérieures.
Ils mettent également en avant la situation critique sur le front est, où les forces russes progressent, ainsi que l’incertitude concernant l’aide américaine future en cas de retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Cependant, depuis janvier, les travaux sur la préparation de ce paquet ont été suspendus, car des signaux de l’entourage de Scholz indiquaient qu’il était opposé à une telle dépense supplémentaire.
Selon Spiegel, Scholz justifie son désaccord en estimant qu’il n’y a pas de nécessité critique pour ce paquet et qu’il considère que l’aide déjà prévue sera suffisante pour l’avenir immédiat. Il ne souhaite pas non plus « imposer » cette décision au futur gouvernement, qui sera formé au printemps.
Le budget préliminaire pour 2025 prévoit 4 milliards d’euros d’aide militaire, et les autorités comptent également sur le fait que l’Ukraine pourra utiliser le prêt de 50 milliards de dollars accordé par le G7, financé par les revenus des actifs russes gelés.
Sans l’accord de Scholz, il est impossible d’approuver ce nouveau paquet d’aide. Au sein du SPD, certains admettent officieusement que les véritables motivations du chancelier sont liées aux élections : Scholz craint que cette décision ne déplaise à une partie des électeurs encore indécis quant à leur vote en faveur du SPD. À l’inverse, les Verts espèrent gagner des points politiques en prônant une augmentation des dépenses de défense et un soutien actif à l’Ukraine.
Les deux ministères ont refusé de commenter officiellement cette information.
Rappelons qu’à la fin décembre 2024, l’Allemagne a livré un grand paquet d’aide à l’Ukraine comprenant des systèmes IRIS-T et Patriot.