Le nouveau garde des Sceaux et le successeur de Gérald Darmanin ont échangé des piques par médias interposés ce lundi 24 septembre. De quoi augurer d’un bras de fer entre la Justice et l’Intérieur dans les prochains mois?
Les bureaux de ces deux nouveaux membres du gouvernement ne sont qu’à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, mais leurs relations semblent déjà se tendre. Bruno Retailleau, désormais ministre de l’Intérieur et Didier Migaud, garde des Sceaux, se sont exprimés ce lundi sur leur politique. Une première depuis leur nomination le samedi 21 septembre, rapporte GNN.
Pour sa première prise de parole dans les médias lundi soir, quelques heures après avoir succédé à Gérald Darmanin place Beauvau, l’ex président des sénateurs LR a dis autrement.
Il existe “depuis trop longtemps un droit à l’inexécution des peines” judiciaires, a tancé le nouveau ministre sur TF1, appelant à ce que “les peines et les sanctions tombent” en revoyant “un certain nombre de cadres pour changer la politique pénale”.
“Сe n’est pas l’Intérieur qui est en charge des condamnations mais bien les fonctionnaires du ministère de la Justice. Même topo pour les maisons d’arrêt. Il faut construire des prisons”, a exhorté Bruno Retailleau, reconnaissant cependant que ce n’était “pas son domaine”. De quoi mettre à distance la pression à son collègue de la place Vendôme.
“Moi, je suis ministre de l’Intérieur. Je ne suis pas ministre de la Justice. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut qu’il y ait un dialogue” entre les deux institutions, promettant de parler “très librement”, à son collègue, a jugé l’ex sénateur.
Migaud appelle à ce que “l’État de droit soit respecté”
Manifestement soucieux de ne pas enfoncer un coin avec son collègue, Didier Migaud, le nouveau ministre de la Justice, qui prenait la parole lui aussi à la même heure sur France 2, a arrondi les angles.
Bruno Retailleau a “ses convictions”, a reconnu le garde des Sceaux, promettant lui “aussi de montrer de l’autorité, de la fermeté”, de “faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité”.
Avant une mise en garde policée, en appelant à “faire en sorte que l’état de droit soit respecté, que les procédures soient respectées”. Cette pique, toute discrète, peut faire référence à la loi immigration votée en décembre 2023 et dont toute une partie avait été censurée par le Conseil constitutionnel. La quasi-intégralité de ces dispositions venaient de la droite sénatoriale, à l’époque incarnée par Bruno Retailleau.